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08 novembre 2009

Une histoire de mon (ex) métier - Formations An 1

(épisode prcédent)

Sans vraiment le savoir, la promo 2001-2004, dite ES-T, allait être une des 3 ou 4 dernières à faire l'ensemble de la formation dans les locaux, chance que les promos 2005 et 2006 n'auront pas, essuyant les plâtres d'une réunification en l'ITSRA des deux écoles d'éducs du Puy de Dôme, l'EPIRES et l'UFTS, dont l'intérêt pédagogique est loin encore de me convaincre. Je ne suis pas naïf cependant, car l'argument principal a toujours été la mutualisation des moyens et l'économie financière, mais cela nous éloigne de notre intitulé.

Les vieux de la vieille, ceux qui ont connu le Château, les locaux originels de l'UFTS (je vous parle d'une époque qui découvrait la new wave et Bernard Tapie), vous diront que, eux, ont vécu l'Âge d'Or. Peut-être ont-ils raison, mais peu importe, car on trouve toujours qu'à notre époque, c'était vraiment mieux.

Rentrée en septembre, paysage bigarré. Une majorité de personnes entre 25 et 30 ans, des femmes pour les 3/4 de la promo. Avec mes vingts piges même pas encore arrivée, j'étais peut-être à un ou deux mois près, le plus jeune. Quelques personnes au delà d'une trentaine d'années, quelques autres au delà de la quarantaine, dont une ancienne aide-soignante, avec homme et enfant, ayant décidé de remettre sa carrière à plat et de reprendre presque tout à zéro. Je ne vous cacherai pas que ces 3 ans de formation ont été pour elle, souvent, un effort usant presque sa motivation, mais elle a eu son diplôme, et c'était loin d'être immérité. Un autre venait là, après deux maitrise, dont une de philo, ancien travailleur à la chaine à Michelin, s'étant confronté au monde du travail, par principe et qui venait là surement car cela correspondait à sa vision d'un travail conforme à son éthique. Un esprit brillant, loin d'en imposer pourtant, avec beaucoup d'humour.

Et il y avait une bande de branleurs, dont j'ai rapidement fait plus ou moins partie, tout du moins en première année. Une bande de 6 ou 8 mecs de 20-25 ans, frondeurs, plus ou moins fétards (j'étais dans les moins, le jeudi, jour des fêtes, étant le jour d'X-Files et rien n'aurait pu me faire rater X-Files), se réclamant volontiers (et ridiculement) anars, séchant certains cours pour se faire des tournois de PES sur Playstation.

En même temps, un peu de décoinçage du séant ne me faisait pas de mal, mais j'ai toujours posé une certaine distance. Pourtant, sans nul doute, si la première année a été la découverte de la psychanalyse, de la sociologie, de Foucault, de la folie dans le cadre de mon stage, de l'anthropologie et donc enfin une formation qui satisfasse ma curiosité, je m'y suis inclus comme un petit con, prêt, par défi envers un formateur sensé me faire réfléchir sur mon stage, à quitter la formation pour aller travailler sur mon lieu de stage, première expérience dans l'éducation spécialisée qui me semblait LA vérité de celle-ci, le lieu vrai et unique de l'exercice de ce métier.

Le jour de bilan de première année, j'y suis allé comme, encore, un petit con avec un t-shirt déclamant "Respect My Authority", alors que je faisais face à ma responsable de promo et à ce même formateur. Cela a été un échec et je me suis fais descendre pour de bonnes (mon attitude, malgré mes capacités) et de mauvaises (il m'avait clairement pris en grippe) raisons.

En septembre 2002, je n'étais pas sûr encore pouvoir poursuivre en deuxième année et ce dès la rentrée, et ça a été la première claque. La deuxième a été de découvrir dans mes écrits de première année le papier de notes du formateur, qui avait écrit "c'est un danger pour la profession". Enfin, lors de l'édition 2002 du festival Traces de Vie, organisé par l'UFTS, des membres du groupes des branleurs ont, passablement éméchés, fait un esclandre ridicule lors d'une projection suivi d'une réception. Je me suis dit alors que cette voix n'était pas la mienne, qu'il était temps de passer à autre chose et que l'on pouvait se marrer sérieusement.

Il m'a fallu au moins une deuxième année pour ça.

20 juillet 2009

Une histoire de mon (ex) métier - Selections

Après 5 ans de bons et loyaux services, et à l'arrivée d'une deuxième poupette à la maison, l'occasion était trop belle pour ne pas la saisir : arrêter de travailler. Jusqu'au 31 mai 2009, j'étais officiellement éducateur spécialisé salarié, depuis le 1er juin je ne le suis plus. Maintenant que j'en suis sorti (au moins pour 3 ans), c'est donc à mon avis le meilleur moment pour en parler.


Tous les ans, quelque soit l'institut de formation, c'est le même rituel : 1000, plus ou moins, personnes passent le concours d'entrée dans chaque école d'éduc spé. A la fin de l'hiver, l'écrit puis, alors que les bourgeons dardent déjà à la pointe des branches, l'oral. Ne vont à l'oral que les personnes ayant eu 10 à l'écrit, et je peux vous dire que ça écrème. Rarement plus de la moitié des candidats survivent à l'épreuve éreintante du stylo bic, souvent ils sont un peu plus d'un tiers. A la veille de l'été, plus que 90, ou moins, ou un peu plus, selon les directives des autorités de tutelles (DRASS et Conseil Régional). Et en septembre, une nouvelle promo est constituée.

Quand j'ai passé (2001) pour la seule et unique année les concours d'entrée (j'ai eu la chance d'être pris pour la rentrée 2001-2002), le diplôme n'avait pas encore été réformé et les concours d'entrée étaient très variables selon les lieux de formation. J'en ai passé 3 : Limoges, Clermont-Ferrand et Vic le Comte. Exception faite de Vic, tout se jouait déjà à l'oral, à la grande différence qu'alors la note de l'écrit contribuait à la moyenne finale, ce qui désormais n'est plus le cas : l'épreuve écrite n'est qu'un accessit à l'oral, ni plus ni moins. Limoges était sans conteste l'école la plus sélective : un oral collectif (vous êtes un conseil municipal, établissez les priorités pour les 5 ans à venir) et 3 oraux individuels (psy, formateur et professionnel). Ce fut, pour moi, un plantage complet, non seulement lors de l'oral collectif mais aussi lors de l'entretien avec le professionnel. Clermont était un peu moins "dure", conservant tout de même le principe d'oral collectif (je ne me rappelle plus du sujet pour celui-ci) et ne gardant plus qu'un seul oral individuel. Encore une fois je plantais, quasi volontairement, l'oral collectif, mais l'individuel m'avait encouragé pour le retenter les années suivantes.
Comme je le disais précédement, le concours d'entrée de Vic-Le Comte faisait exception. Ici, point d'oral collectif mais une seule épreuve d'entrée pour tous comprenant l'écrit ET l'oral. Ce qui faisait une grande différence avec les autres lieux de formation, qui faisait payer chaque épreuve... A Vic, on ne payait qu'une fois et on accédait au deux volets de l'épreuve d'entrée. Une question de philosophie, peut-être... Dès que je suis arrivé dans cette petite école, l'UFTS, j'ai su que, quoi qu'il arrive, c'était là qu'il fallait que je vienne faire mes études. Cadre villageois, vieilles pierres, locaux sans exceptions (à part les toilettes peut-être...) fumeurs au mépris de la loi Evin, proximité d'une nature magnifique, une future promo de seulement 45 âmes, un certain état d'esprit flottait dans ce lieu. Je n'ai presque aucun souvenir de mon oral, juste cette envie de venir apprendre ici et pas dans un gros machin citadin. J'en avais eu mon saoul à Paris en à peine 3 mois.

Et même si c'est une autre histoire, L'UFTS a depuis disparu (en 2007, si je ne m'abuse), engloutie dans l'affreux acronyme imprononçable ITSRA (issue en grande partie de la volonté des financeurs et des tutelles de regrouper dans un seul et même lieu les 2 écoles d'éduc et l'école d'assistant social du Puy de Dôme, et pour ainsi dire de la région Auvergne). Et les postulants à l'entrée pour passer trois années à quérir le DEES (Diplome d'Etat d'Educateur Spécialisé) se pressent désormais avenue Marx Dormoy à Clermont-Ferrand, dans les locaux (rafraichis) de l'ex EPIRES (rivale de toujours de l'UFTS, et c'est à peine une boutade) désormais si poétiquement appelée ITSRA.

Et me voilà, 4 ans après avoir été diplomé, de l'autre coté de la barrière, du coté des jurés à l'oral (il n'y a plus d'oral collectif). Le principe : un candidat, un dossier, un formateur, un professionnel, 40 minutes. A la fin une note sur 20 (l'année dernière) ou sur 5 (cette année). Si j'y suis allé, c'est par curiosité, par intérêt aussi, une envie profonde d'avoir un pied dans un institut de formation, l'un de mes (rares) objectifs de carrière. Et si l'on prend très vite le pli, c'est étonnant de se retrouver de l'autre coté de la barrière, j'avais tendance plus ou moins à me revoir chez certains ou certaines des postulants.C'est quelque fois l'occasion, aussi, de contempler un joli minois, ce qui n'est jamais désagréable, mais c'est souvent l'envie de provoquer, gentiment, de gratter un peu le vernis avec lequel tout candidat se revêt. Des fois, c'est vachement bien et 40 minutes sont trop courtes. Pour d'autres, c'est l'angoisse de trouver encore quelque chose à dire pour combler les 30 minutes qu'il reste, alors que le candidat semble avoir tout dit, ou il s'agit juste des fois de rappeler les règles de bases de l'écriture d'une lettre : où l'on place la date, l'adresser à quelqu'un, se présenter, quel type de papier utiliser (de préférence, pas de grands carreaux perforés...). Et des tas de fois, c'est ni l'un ni l'autre, une petite fulgurance, un détail du dossier, font basculer l'un du coté des potentiels, et l'autre du coté des on se reverra l'année prochaine.

A la fin de tout cela, deux listes sont établies. La principale est dans l'ordre alphabétique : elle présente tous les candidats reçus immédiatement. Une deuxième est appelé liste complémentaire, et est établie quant à elle dans l'ordre décroissant des notes obtenues, car il y a toujours des désistements.

2001. A l'époque, j'étais pourtant loin d'être à l'aise à l'oral. J'étais 8ème sur liste complémentaire, et j'ai été pris. Lors des deux exercices en tant que juré, j'ai gardé ça en tête, me disant que même ma présence en ce lieu s'était joué à autre chose qu'à mes capacités de l'époque à l'oral. Je reste juste sur l'interrogation : quoi alors ?

(à suivre...)