Sans vraiment le savoir, la promo 2001-2004, dite ES-T, allait être une des 3 ou 4 dernières à faire l'ensemble de la formation dans les locaux, chance que les promos 2005 et 2006 n'auront pas, essuyant les plâtres d'une réunification en l'
ITSRA des deux écoles d'éducs du Puy de Dôme, l'EPIRES et l'UFTS, dont l'intérêt pédagogique est loin encore de me convaincre. Je ne suis pas naïf cependant, car l'argument principal a toujours été la mutualisation des moyens et l'économie financière, mais cela nous éloigne de notre intitulé.
Les vieux de la vieille, ceux qui ont connu le Château, les locaux originels de l'UFTS (je vous parle d'une époque qui découvrait la new wave et Bernard Tapie), vous diront que, eux, ont vécu l'Âge d'Or. Peut-être ont-ils raison, mais peu importe, car on trouve toujours qu'
à notre époque, c'était vraiment mieux.
Rentrée en septembre, paysage bigarré. Une majorité de personnes entre 25 et 30 ans, des femmes pour les 3/4 de la promo. Avec mes vingts piges même pas encore arrivée, j'étais peut-être à un ou deux mois près, le plus jeune. Quelques personnes au delà d'une trentaine d'années, quelques autres au delà de la quarantaine, dont une ancienne aide-soignante, avec homme et enfant, ayant décidé de remettre sa carrière à plat et de reprendre presque tout à zéro. Je ne vous cacherai pas que ces 3 ans de formation ont été pour elle, souvent, un effort usant presque sa motivation, mais elle a eu son diplôme, et c'était loin d'être immérité. Un autre venait là, après deux maitrise, dont une de philo, ancien travailleur à la chaine à Michelin, s'étant confronté au monde du travail, par principe et qui venait là surement car cela correspondait à sa vision d'un travail conforme à son éthique. Un esprit brillant, loin d'en imposer pourtant, avec beaucoup d'humour.
Et il y avait une bande de branleurs, dont j'ai rapidement fait plus ou moins partie, tout du moins en première année. Une bande de 6 ou 8 mecs de 20-25 ans, frondeurs, plus ou moins fétards (j'étais dans les moins, le jeudi, jour des fêtes, étant le jour d'X-Files et rien n'aurait pu me faire rater X-Files), se réclamant volontiers (et ridiculement) anars, séchant certains cours pour se faire des tournois de PES sur Playstation.
En même temps, un peu de décoinçage du séant ne me faisait pas de mal, mais j'ai toujours posé une certaine distance. Pourtant, sans nul doute, si la première année a été la découverte de la psychanalyse, de la sociologie, de Foucault, de la folie dans le cadre de mon stage, de l'anthropologie et donc enfin une formation qui satisfasse ma curiosité, je m'y suis inclus comme un petit con, prêt, par défi envers un formateur sensé me faire réfléchir sur mon stage, à quitter la formation pour aller travailler sur mon lieu de stage, première expérience dans l'éducation spécialisée qui me semblait LA vérité de celle-ci, le lieu vrai et unique de l'exercice de ce métier.
Le jour de bilan de première année, j'y suis allé comme, encore, un petit con avec un t-shirt déclamant "Respect My Authority", alors que je faisais face à ma responsable de promo et à ce même formateur. Cela a été un échec et je me suis fais descendre pour de bonnes (mon attitude, malgré mes capacités) et de mauvaises (il m'avait clairement pris en grippe) raisons.
En septembre 2002, je n'étais pas sûr encore pouvoir poursuivre en deuxième année et ce dès la rentrée, et ça a été la première claque. La deuxième a été de découvrir dans mes écrits de première année le papier de notes du formateur, qui avait écrit "c'est un danger pour la profession". Enfin, lors de l'édition 2002 du festival
Traces de Vie, organisé par l'UFTS, des membres du groupes des branleurs ont, passablement éméchés, fait un esclandre ridicule lors d'une projection suivi d'une réception. Je me suis dit alors que cette voix n'était pas la mienne, qu'il était temps de passer à autre chose et que l'on pouvait se marrer sérieusement.
Il m'a fallu au moins une deuxième année pour ça.